Enjeux, critiques et... couts

Publié le par René

Le standard de maison passive vise essentiellement à réduire les consommations, somme toute largement inutiles de nos maisons. Pour qualifier ce qui a été dit plus haut, les "3 critères" définissant une maison passive ont été établis comme suit:


  • Consommation d'énergie de chauffage < 15 kWh/(m2.an).
  • étanchéité à l'air: test de la porte (blower door). n50 < 0,6 h-1.
  • Consommation totale d'énergie de la maison < 120 kWh/(m2.an) d'énergie primaire.

Comme on le voit, le concept de "maison passive" correspond à une habitation à très basse consommation énergétique.
Une maison passive coûte entre 7 et 15% de plus qu'une maison traditionnelle. Selon les cas, l'investisseur rentre dans ses frais entre une dizaine et une vingtaine d'années grâce aux économies d'énergie réalisées.

Est-ce vraiment plus cher?

Dans l’absolu, l’achat de ces équipements spécifiques coûte plus cher, cependant ce surcoût est contrebalancé par une politique fiscale de plus en plus active (crédits d’impôts, prêts à taux préférentiel, aides publiques) et de plus certains matériels peuvent devenir producteurs positifs d’énergie et ainsi permettre à l’utilisateur non seulement de produire sa propre énergie mais en plus de revendre le surplus. Il y a une autre économie qui est collatérale à ces nouveaux modes énergétiques, c’est celle qui porte sur les dépenses de santé (moins de cancers, moins de maladies chroniques, moins d’allergies) et il est certain que ce bénéfice ne sera mesurable que dans le temps. Le slogan des années 80 « en France, on a pas de pétrole mais on a des idées », pourrait être remplacé aujourd’hui par « en France on a toujours pas de pétrole, mais on a plein de sources d’énergies alternatives ».

Pour mieux comprendre la réalité économique du coût de l’installation d’un équipement, par exemple solaire, il faut prendre en compte les économies réalisées, les recettes générées (énergie positive) et la non émission de CO². Regardons l’exemple d’une installation de panneaux photovoltaïques dans une maison individuelle, le constat est édifiant et le gain conséquent :

Prix de l'installation clé en main 25 000 €
- Crédit d'impôt - 8 000 €
- Subventions locales - 2 000 €
Production annuelle 2650 kWh
Recette annuelle 1 450 €
Recettes cumulées sur 20 ans 29 000 €
Bénéfice net 14 000 €


Le secteur du bâtiment est en Europe le premier consommateur d'énergie primaire (40% de l'énergie totale consommée) devant les transports (30%) et l'industrie (30%). Il est responsable de plus de 40% des émissions totales de CO2. Les économies d’énergie sont un enjeu économique et écologique majeur pour ce secteur. Les maisons passives qui existent par milliers en Allemagne et Suisse montrent que les solutions techniques existent. Reste à les généraliser pour tenir l'objectif de diviser par 9 les consommation pour un service équivalent. Alors que le prix du pétrole et de l’énergie devraient inéluctablement augmenter, une Directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments vise à réduire leur consommation énergétique de 22% d'ici 2010.

Les principales critiques faites aux standards passifs, sont qu'ils véhiculent une image de haute-qualité, sans imposer de qualité écologique ni sociale ou en termes de commerce éthique quant aux matériaux utilisés (toxicité, provenance) ou à la main d'œuvre et à la santé et sécurité au travail. Les marques suisses Minergie® Eco (écologique) et Minergie® P-Eco (passif et écologique) affirment répondre à ces critères. Minergie® Eco intègre dans ses critères la qualité écologique des matériaux, le confort et la santé des occupants, la gestion des déchets, ainsi que le bilan en énergies grises des matériaux et des transports associés à la construction du bâtiment. 
Les formes architecturales sont moins complexes, et souvent jugées architecturalement plus pauvres. Ceci résulte de la volonté d'avoir un bâtiment compact.
En raison du faible nombre de fenêtres ouvrantes de certaines constructions, les claustrophobes peuvent se sentir enfermés dans ces maisons (par ailleurs très bien insonorisées), même si le renouvellement d'air y est souvent mieux assuré que dans un appartement moderne classique. Des éléments-tampon de type véranda et des baies vitrées élargies peuvent atténuer ou faire disparaitre ce sentiment, mais avec une augmentation de coût à la construction. Ce sentiment est par ailleurs souvent rapidement compensé par un confort thermique et sonore accru.
Un autre type de critiques provient de l'inadéquation des standards actuels, développés dans des pays de type nordique ou continental, par rapport à des climats de type méditerranéen. L'application irréfléchie du modèle "passif nordique" en région méditerranéenne revient à construire des "bouteilles thermos" totalement invivables l'été. Le développement de standards passifs méditerranéens qui restent à finaliser, tels qu'étudiés par le PRIDES "Bâtiments Durables Méditerranéens", prenant en compte les spécificités climatiques de ces régions, est la réponse à apporter à ces critiques.



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